Un cadeau.

Publié le par N. D. Masson

Serpentant parmi les rochers
Une flèche d'argent qui ne dort jamais
Faisant fi de tous les dangers
Lentement mais sûrement avançait.
Une fois la nuit tombée
Alors que son mouvement se perpétuait
Elle surprit une araignée
Qui à la chasse s'en allait ;
Inadvertance
Une perturbation dans la force
Des millénaires qui
Somnolaient
Et l'araignée se lance
La voilà soudain qui amorce
Un frémissement dans l'infini
D'un blanc de lait.
Et l'araignée glissa
Une, deux, trois, huit pattes
Dans le lit de la rivière Imat
Qui l'emporta.
Une heure et cinquante-huit minutes plus tard
Alors qu'elle dérivait au loin flottant
Un caméléon qui passait hésitant
N'hésita plus et la goba
Mais toute souillée qu'elle était
Du mercure des songes passés
Suggéré antérieurement
Il fut empoisonné sur le champ
Le champ de bataille
Des hommes endormis
Enterrés sous les broussailles
Depuis longtemps désappris
Un rayon de lune heurta l'animal
Et l'astre en fut tout surpris.

Et ce rayon se détacha et rebondit
S'envola tant bien que mal
Et dans l'esprit d'un jeune homme atterrit
Délogeant la symphonie de Beethoven
Qui s'y était alanguie
Le voilà qui se met à rêver
D'une femme un songe une divinité
Une allégorie d'intemporalité ;
Elle a l'odeur des doux matins d'automne
Un grain de beauté sur la fesse droite
Un feu de joie dans le regard
Sa voix coule svelte et douce telle un guépard
Telle Pandore elle a ouvert la boîte
Des émotions du jeune homme dont tel l'orage à présent le cœur tonne.
Mais le rayon de Lune n'est pas fatigué
Le jeune homme, si
Il le laisse se reposer
Et par la fenêtre s'enfuit
Vers le large
Vers les havres gris.

Au loin une hyène rit
Sous la cendre de Pompéi
Elle ne sait pas encore qu'elle est la cible
De ce rayon de lune invisible
Pline l'Ancien du fond des limbes
Désapprouva silencieusement
Mais déjà un halo nimbe
La créature hors de son lieu hors de son temps
Et l'hétaïroglotte se tut un instant
Le monde est paisible à présent.


La hyène agonisante
Vidée de son contenu
Sous les ruines fumantes
De n'avoir pas vécu
Se traîna hors d'haleine
Vers le vieux cimetière
À l'abri de la haine
Où résident ses pairs.
Avant de rendre l'âme
Elle osa laisser échapper
Un songe acéré comme une arme
Qui commença à dériver...
Mais le rayon de lune obscène
Décrivant une courbe parfaite
Avait assisté à la scène 
Et en deux le trancha net.

Erreur !
Le songe était piégé.
Et le rayon rediffracté
Prit peur.
Les deux moitiés de rêve, quant à elles
Prirent naturellement des directions différentes
Elles s'envolèrent comme de larges ailes
Dans un bruissement de toile de tente
Étouffé par la tempête

Qu'ailleurs certain aura gardé en tête
Flot enfiévré de pensées chantournées
Ondoyant, obsédant cet esprit hanté
À l'équilibre aussi fragile qu'un tourtelet
Prêt à lancer la réplique
D'une flamme cinédologique,
Une utopie grinçante,
Une folie latente :
Ta Charybde je serai
Tu seras ma Scylla
Quand je t'engloutirai
Tu me dévoreras.

Las !
Il est temps de dessaigner
Il est temps de désigner
Il est temps de désirer
Jetons les dés.

Un.
Quatre.
Monolithe et tétragramme ;
Une main qui applaudit,
Quatre nobles vérités :
Cinq en tout, les cinq piliers.
Quintessence.
Avec un dé de plus et un peu de chance
Il aurait pu faire un 421
Mais, seul, prostré dans le silence
Il entendit un son au loin...


Le voilà qui tend l'oreille.
Il n'entend plus rien.
Son esprit dérive
Et le bruit revient
C'est un bruit ténu
Mais distinct
Proche
Et à la fois lointain
Comme un grincement de dents
Comme le nœud d'un destin
Comme le souffle d'un mauvais vent
Vous avez mis trop d'eau sur les pierres
La vapeur est insupportable
À couper au couteau
La flèche d'argent rampe
Tout le monde l'ignore
Il n'y a plus de rimes
Elle se faufile
Serpente
Se cache
Il n'y a plus d'histoire
Se meut lentement
Imperceptiblement
Il n'y a plus de raison
Et soudain...
Non.

Il a crié silencieusement.
Il regarde l'horizon.
Il pleut.
Tout a l'air loin.
Les nuages s'amoncellent
Comme des balles de foin
Un air de violoncelle
Se déloge du coin
De l'esprit du jeune homme
Ou il s'était tapi
Comme un pépin de pomme
Comme un défi

On ne voit plus la Lune
Il ne voit plus ses mains
Il veut poser sa plume
Veut remettre à demain
Il regarde son lit mais sait déjà qu'il ne peut pas dormir
Il regarde sa feuille et décide de commencer par se relire
Il regarde ses pieds il veut courir il aimerait fuir
Mais comment fuir soi-même alors il sanglote sans ire.
Dans la cheminée les braises rougeoient encore
Il sait qu'il n'a pas froid mais un frisson parcourt son corps
Le froid vient de l'intérieur, il brûle, il mord
Il déchire sa feuille même s'il sait bien qu'il a tort

Seul subsiste l'en-tête

           TESTAMENT

écrit à l'encre rouge
De son regard de bête
Il cherche ce qui bouge
Mais ce n'est que la pluie dehors qui tambourine sur tout
Peut-être qu'il veut vivre
Il ne sait plus
Il devient fou.

C'est long la vie tout seul c'est tellement long quand on a faim
Faim d'amitiés sincères et de partager son chemin
C'est long la vie tout seul oui long comme deux jours sans pain
Peut-être qu'on regrettera mais sûrement pas avant la
Fin.

Publié dans Poésie - écriture...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article